L'été dernier
L'été dernier de Catherine Breillat était très attendu, notamment grâce au casting principal réunissant Léa Drucker et le jeune Samuel Kircher. On se doutait qu'on allait avoir droit à un film à la Breillat, provocateur et sans concessions.
Et en effet, l'histoire d'une relation amoureuse déviante entre Anne, une femme d'âge mûr, et Théo, son beau-fils adolescent, a de quoi faire grincer des dents. Sauf que la réalisatrice, connue pourtant pour son cinéma cru, fait ici preuve d'une étonnante retenue. Comme elle l'explique elle-même, elle ne souhaitait pas faire « un film sulfureux » mais plutôt une oeuvre poétique et romanesque, loin du réalisme étriqué.
Breillat s'est d'ailleurs enthousiasmée pour le scénario, remake d'un film danois, qui explore brillamment les mensonges et non-dits dans le couple. Un dispositif « digne de Shakespeare » selon ses propres mots. Malheureusement, si les prémices sont séduisantes, le résultat final manque parfois de nuances et tombe dans quelques clichés, entre la femme émancipée en mal d'aventures et le jeune rebelle en manque d'affection.
C'est d'ailleurs un point faible du film : les personnages, pourtant bien écrits sur le papier, peinent à réellement convaincre à l'écran. On a du mal à croire à la réelle alchimie entre Léa Drucker et Samuel Kircher. Lui a un petit côté tête à claque qui nuit à son charme naturel. Quant à elle, si elle est une actrice de talent, on la voit difficilement dans ce rôle de femme fatale et désirable. Leur idylle ne paraît jamais vraiment crédible, malgré les efforts de Breillat pour les filmer dans une bulle intime, presque hors du monde.
À l'origine, c'est d'ailleurs Valeria Bruni Tedeschi qui était pressentie pour incarner Anne. Un choix qui aurait peut-être mieux fonctionné ? Quoi qu'il en soit, Léa Drucker se donne à fond. De même, Olivier Rabourdin est très juste en mari trompé et père trahis.
Dans la mise en scène limpide et solaire voulue par Breillat, on retrouve bien sa quête de clarté visuelle et émotionnelle, son obsession pour les visages et les regards qui en disent long sur l'âme humaine. Une approche intimiste malheureusement desservie par un scénario qui manque de souffle pour vraiment marquer les esprits.
Au final, L'été dernier est un objet mi-figue mi-raisin, intrigant mais trop lisse, qui aurait gagné à pousser sa réflexion sur le désir féminin et les non-dits familiaux. Un film à l'ambition modeste mais honnête, porté par une réalisatrice qui, à 79 ans, n'a rien perdu de sa flamme.
Note : 7 / 10
Et en effet, l'histoire d'une relation amoureuse déviante entre Anne, une femme d'âge mûr, et Théo, son beau-fils adolescent, a de quoi faire grincer des dents. Sauf que la réalisatrice, connue pourtant pour son cinéma cru, fait ici preuve d'une étonnante retenue. Comme elle l'explique elle-même, elle ne souhaitait pas faire « un film sulfureux » mais plutôt une oeuvre poétique et romanesque, loin du réalisme étriqué.
Breillat s'est d'ailleurs enthousiasmée pour le scénario, remake d'un film danois, qui explore brillamment les mensonges et non-dits dans le couple. Un dispositif « digne de Shakespeare » selon ses propres mots. Malheureusement, si les prémices sont séduisantes, le résultat final manque parfois de nuances et tombe dans quelques clichés, entre la femme émancipée en mal d'aventures et le jeune rebelle en manque d'affection.
C'est d'ailleurs un point faible du film : les personnages, pourtant bien écrits sur le papier, peinent à réellement convaincre à l'écran. On a du mal à croire à la réelle alchimie entre Léa Drucker et Samuel Kircher. Lui a un petit côté tête à claque qui nuit à son charme naturel. Quant à elle, si elle est une actrice de talent, on la voit difficilement dans ce rôle de femme fatale et désirable. Leur idylle ne paraît jamais vraiment crédible, malgré les efforts de Breillat pour les filmer dans une bulle intime, presque hors du monde.
À l'origine, c'est d'ailleurs Valeria Bruni Tedeschi qui était pressentie pour incarner Anne. Un choix qui aurait peut-être mieux fonctionné ? Quoi qu'il en soit, Léa Drucker se donne à fond. De même, Olivier Rabourdin est très juste en mari trompé et père trahis.
Dans la mise en scène limpide et solaire voulue par Breillat, on retrouve bien sa quête de clarté visuelle et émotionnelle, son obsession pour les visages et les regards qui en disent long sur l'âme humaine. Une approche intimiste malheureusement desservie par un scénario qui manque de souffle pour vraiment marquer les esprits.
Au final, L'été dernier est un objet mi-figue mi-raisin, intrigant mais trop lisse, qui aurait gagné à pousser sa réflexion sur le désir féminin et les non-dits familiaux. Un film à l'ambition modeste mais honnête, porté par une réalisatrice qui, à 79 ans, n'a rien perdu de sa flamme.
Note : 7 / 10
Vu le 20 avril 2024