MR 73
Je dois avouer que j'avais été particulièrement marqué par 36 quai des orfèvres, ce film policier français réalisé par Olivier Marchal qui avait su me tenir en haleine du début à la fin. Mais lorsque j'ai visionné MR 73, j'ai été confronté à une toute autre dimension du polar, une dimension bien plus sombre et malsaine. Et pourtant, j'en redemande. L'histoire se déroule à Marseille, une ville que Marchal connaît bien pour y avoir exercé en tant que policier. On y suit l'enquête de Louis Schneider, un flic alcoolique interprété avec brio par Daniel Auteuil, sur un tueur en série particulièrement sadique. Mais ce n'est pas tout, car Schneider va également devoir faire face à son passé lorsque Charles Subra, un criminel qu'il avait lui-même arrêté 25 ans auparavant, est libéré de prison. Le scénario de MR 73 est un véritable tour de force, offrant une intrigue complexe et captivante. Marchal ne se contente pas de nous servir un énième polar, mais il explore les méandres de l'âme humaine, n'hésitant pas à mettre en scène des situations glauques et malsaines. Loin des clichés du genre, le film se distingue par sa noirceur et sa cruauté, laissant le spectateur avec un sentiment de malaise persistant. Les personnages de MR 73 sont profondément humains, avec leurs failles et leurs contradictions. Louis Schneider, incarné par Daniel Auteuil, est un flic brisé, rongé par l'alcool et les fantômes de son passé. Justine, quant à elle, est une femme marquée par la tragédie, cherchant désespérément à se reconstruire. Leur rencontre, orchestrée par le destin, va les amener à affronter leurs démons et à se confronter à leur passé. MR 73 aborde des thèmes forts et dérangeants, tels que la vengeance, la rédemption et la culpabilité. Le film nous interroge sur la nature humaine et ses zones d'ombre, nous confrontant à nos propres peurs et à nos propres démons. La violence, omniprésente dans le film, n'est pas gratuite, mais elle est au service d'une réflexion plus profonde sur la condition humaine. La réalisation de Olivier Marchal est remarquable, offrant des plans soignés et une mise en scène maîtrisée. La photographie, sombre et oppressante, reflète parfaitement l'atmosphère glauque du film. La bande-son, quant à elle, souligne avec justesse les moments de tension et de dramaturgie. Daniel Auteuil livre une performance exceptionnelle dans le rôle de Louis Schneider, incarnant avec justesse ce flic au bord du gouffre. Olivia Bonamy, dans le rôle de Justine, est également convaincante, dégageant une émotion brute et authentique. Le reste du casting, composé notamment de Catherine Marchal et Francis Renaud, est à la hauteur, offrant des prestations solides et crédibles. Mais ce qui rend MR 73 encore plus fascinant, c'est la manière dont Marchal a su s'inspirer de sa propre expérience de policier pour donner une dimension réaliste à son film. On sent que le réalisateur connaît son sujet, qu'il a côtoyé de près la violence et la noirceur de l'âme humaine. Et c'est ce qui rend le film encore plus marquant, car on se dit que tout cela pourrait être vrai. En conclusion, MR 73 est un film noir et malsain, qui ne laisse pas indifférent. Porté par une réalisation soignée et des acteurs talentueux, le film nous entraîne dans les profondeurs de l'âme humaine, nous confrontant à nos peurs les plus enfouies. Bien que parfois difficile à regarder, MR 73 est une œuvre marquante, qui laisse un goût amer et persistant. Si vous avez apprécié 36 quai des orfèvres, vous serez certainement séduit par MR 73, qui en est en quelque sorte le pendant plus sombre et plus malsain. À réserver toutefois aux âmes bien accrochées.
Note : 7 / 10
Note : 7 / 10
Vu le 3 septembre 2020