Pleasantville
Dans le vaste univers du cinéma, où les réalisateurs jonglent avec des pellicules comme des artistes avec leur palette, Gary Ross se démarque avec son film « Pleasantville ». Ross, ce magicien des écrans, est bien connu pour sa manière de mélanger des ingrédients inattendus pour concocter des histoires aussi savoureuses qu'intrigantes. « Pleasantville », parmi ses créations, est un joyau qui brille légèrement moins fort que ses plus grands succès, mais qui ne manque pas de charme. L'histoire nous emporte dans une réalité alternative, celle de la télévision en noir et blanc des années 1950. Deux adolescents, David et Jennifer, incarnés respectivement par Tobey Maguire et Reese Witherspoon, se retrouvent magiquement transportés dans cet univers rétro. Là-bas, le temps semble figé, la couleur absente et les comportements bien rangés. Le duo moderne apporte avec lui une touche de rébellion et, comme un soupçon de couleur sur une toile grise, commence à réveiller cette ville somnolente de « Pleasantville ». Le réalisateur prend un pari osé en insérant ces intrus du XXIe siècle dans un monde d'apparence figée. Et, pour une raison étrangement paradoxale, c'est Tobey Maguire, que l'on ne peut qualifier de Marlon Brando contemporain, qui s'en sort le mieux. Son interprétation est peut-être la preuve que l'horloge du talent ne tourne pas toujours à la même vitesse pour chaque rôle. Maguire, habituellement aussi expressif qu'une pierre, semble avoir trouvé une recette secrète ici – peut-être une dose d'ironie ou un zeste de synchronicité avec son personnage. Aux côtés de Maguire, Reese Witherspoon brille comme une étoile énergique, projetant la modernité dans cette époque en noir et blanc. Joan Allen et William H. Macy, incarnant le couple conservateur qui les accueille, offrent des performances solides, donnant vie à l'évolution émotionnelle que leur monde subit à mesure que les couleurs s'infiltrent. Dans cet éclairage nuancé, Ross explore les thèmes de la conformité, de la transformation personnelle et de la quête d'identité. Le passage du noir et blanc à la couleur n'est pas seulement visuel, mais aussi symbolique. La pellicule déroule l'idée que la vie en nuances de gris peut se métamorphoser en une explosion chatoyante de sensations, de pensées et d'émotions. Bien que l'histoire soit globalement captivante, certaines parties semblent traîner comme un ado récalcitrant avant le couvre-feu. Les moments de contemplation profonde, bien que nécessaires pour la narration, peuvent donner l'impression de s'étirer comme un élastique fatigué. Malgré cela, le film parvient à équilibrer son rythme, offrant suffisamment de délices visuels et de moments touchants pour garder les spectateurs engagés. En somme, « Pleasantville » est une peinture en Technicolor des nuances de la vie, avec des touches de comédie et de réflexion. Ross, ce conteur habile, tisse une fable moderne dans le cadre d'une époque révolue. Bien que Tobey Maguire puisse rarement être célébré comme un titan d'interprétation, sa performance ici est un rafraîchissement agréable, comme un glaçon dans un verre de limonade. Dans l'ensemble, ce film est une escapade cinématographique plaisante, même si son éclat est peut-être légèrement tamisé parmi les autres joyaux de la filmographie de Ross. Une expérience qui, à défaut de capturer une note parfaite, vaut sans aucun doute un coup d'œil.
Note : 7 / 10
Note : 7 / 10
Vu le 5 avril 2016
Lire la critique sur le site d'Antoine Lepage