Le pouvoir (saison 1)
Le pouvoir est sans conteste une série ambitieuse et audacieuse. Adaptée du roman éponyme de Naomi Alderman, cette dystopie féministe développée par la l'auteur elle-même explore les conséquences d'un bouleversement radical des rapports de force entre les genres. Un postulat de départ pour le moins intriguant, qui offre un formidable terrain de jeu aux auteurs pour imaginer une société transformée en profondeur.
Dès les premières minutes, on est happés par cet univers familier mais soudainement déstabilisé par l'apparition d'un phénomène inexpliqué : des adolescentes à travers le monde développent d'étranges capacités électriques. Une prémisse aussi alléchante que dérangeante, qui soulève d'emblée de passionnantes réflexions sur les notions de pouvoir, de domination et de place des femmes.
Un sujet éminemment riche que la série aborde avec une certaine justesse, dépeignant avec nuance les conséquences de ce bouleversement des équilibres. Loin de tout manichéisme, le récit dresse en effet un portrait complexe, mettant en scène des profils de femmes très variés, oscillant entre victimes, instigatrices ou encore contemplatrices de ce chaos naissant.
Mais si le propos du Pouvoir séduit, force est d'admettre que sa mise en œuvre scénaristique patine quelque peu. En témoigne son premier défaut majeur : un rythme souvent laborieux, étalant ses prémisses sur une durée presque excessive. La faute à une narration au début trop éclatée, multipliant les arcs narratifs disjoints aux quatre coins du globe.
On suit ainsi en parallèle les trajectoires de la maire de Seattle, Margot Cleary-Lopez, et sa famille, d'une fratrie de criminels à Londres, d'une gymnaste devenue Première dame en Roumanie, d'un jeune journaliste au Nigeria ou encore d'une adolescente mystique fuyant son foyer en Alabama. Autant de récits qui tardent à se recouper, s'étirant sur de longues heures avant d'entrevoir leurs premiers croisements.
Un schéma éclaté qui, s'il permet d'embrasser les répercussions globales du phénomène, étire parfois ses prémices jusqu'à l'essoufflement. On a ainsi régulièrement l'impression de voir une simple introduction à quelque chose de plus grand, sans réelle conclusion à l'issue de ces neuf premiers épisodes.
Il faut dire qu'hormis l'arc de Margot Cleary-Lopez, incarnée avec conviction par Toni Collette, peu de personnages réussissent réellement à convaincre ou à susciter un réel attachement sur la longueur. Des figures souvent éclipsées par la multiplicité des protagonistes, faisant pâle figure face à l'héroïne principale.
Un défaut d'ailleurs renforcé par l'approche intimiste privilégiée, qui occulte largement l'impact du phénomène sur la gent masculine. Au point que la plupart des personnages masculins se cantonnent bien souvent à des rôles de faire-valoir, entre mari dépassé ou père de famille désorienté. Une occasion manquée d'approfondir les questionnements sur la remise en cause des rapports de domination.
Heureusement, si le rythme patine et les personnages peinent à décoller, Le pouvoir sauve les meubles grâce à une réalisation léchée et une imagerie soignée. Jouant avec maestria sur les concepts de l'électricité et de l'énergie féminine, la série déploie de saisissantes mises en scène, oscillant entre poésie visuelle et symbolisme dérangeant.
Dans l'ensemble, cette première salve s'avère donc plutôt convaincante dans sa prémisse mais laisse un sentiment mitigé. On ne peut qu'être intrigué par son postulat de départ audacieux et l'originalité de son propos sur la notion de pouvoir, mais on regrette que cette belle idée de base pâtisse d'une exécution scénaristique encore trop dispersée, qui l'empêche réellement de prendre son envol.
Un démarrage lent donc, mais suffisamment prometteur pour donner envie d'en voir plus. En espérant que la suite parvienne à mieux équilibrer ses multiples récits pour insuffler un rythme plus soutenu. Et qu'elle approfondisse davantage l'impact du phénomène sur les masculinités, une thématique qui mériterait d'être plus étoffée.
Note : 6 / 10
Dès les premières minutes, on est happés par cet univers familier mais soudainement déstabilisé par l'apparition d'un phénomène inexpliqué : des adolescentes à travers le monde développent d'étranges capacités électriques. Une prémisse aussi alléchante que dérangeante, qui soulève d'emblée de passionnantes réflexions sur les notions de pouvoir, de domination et de place des femmes.
Un sujet éminemment riche que la série aborde avec une certaine justesse, dépeignant avec nuance les conséquences de ce bouleversement des équilibres. Loin de tout manichéisme, le récit dresse en effet un portrait complexe, mettant en scène des profils de femmes très variés, oscillant entre victimes, instigatrices ou encore contemplatrices de ce chaos naissant.
Mais si le propos du Pouvoir séduit, force est d'admettre que sa mise en œuvre scénaristique patine quelque peu. En témoigne son premier défaut majeur : un rythme souvent laborieux, étalant ses prémisses sur une durée presque excessive. La faute à une narration au début trop éclatée, multipliant les arcs narratifs disjoints aux quatre coins du globe.
On suit ainsi en parallèle les trajectoires de la maire de Seattle, Margot Cleary-Lopez, et sa famille, d'une fratrie de criminels à Londres, d'une gymnaste devenue Première dame en Roumanie, d'un jeune journaliste au Nigeria ou encore d'une adolescente mystique fuyant son foyer en Alabama. Autant de récits qui tardent à se recouper, s'étirant sur de longues heures avant d'entrevoir leurs premiers croisements.
Un schéma éclaté qui, s'il permet d'embrasser les répercussions globales du phénomène, étire parfois ses prémices jusqu'à l'essoufflement. On a ainsi régulièrement l'impression de voir une simple introduction à quelque chose de plus grand, sans réelle conclusion à l'issue de ces neuf premiers épisodes.
Il faut dire qu'hormis l'arc de Margot Cleary-Lopez, incarnée avec conviction par Toni Collette, peu de personnages réussissent réellement à convaincre ou à susciter un réel attachement sur la longueur. Des figures souvent éclipsées par la multiplicité des protagonistes, faisant pâle figure face à l'héroïne principale.
Un défaut d'ailleurs renforcé par l'approche intimiste privilégiée, qui occulte largement l'impact du phénomène sur la gent masculine. Au point que la plupart des personnages masculins se cantonnent bien souvent à des rôles de faire-valoir, entre mari dépassé ou père de famille désorienté. Une occasion manquée d'approfondir les questionnements sur la remise en cause des rapports de domination.
Heureusement, si le rythme patine et les personnages peinent à décoller, Le pouvoir sauve les meubles grâce à une réalisation léchée et une imagerie soignée. Jouant avec maestria sur les concepts de l'électricité et de l'énergie féminine, la série déploie de saisissantes mises en scène, oscillant entre poésie visuelle et symbolisme dérangeant.
Dans l'ensemble, cette première salve s'avère donc plutôt convaincante dans sa prémisse mais laisse un sentiment mitigé. On ne peut qu'être intrigué par son postulat de départ audacieux et l'originalité de son propos sur la notion de pouvoir, mais on regrette que cette belle idée de base pâtisse d'une exécution scénaristique encore trop dispersée, qui l'empêche réellement de prendre son envol.
Un démarrage lent donc, mais suffisamment prometteur pour donner envie d'en voir plus. En espérant que la suite parvienne à mieux équilibrer ses multiples récits pour insuffler un rythme plus soutenu. Et qu'elle approfondisse davantage l'impact du phénomène sur les masculinités, une thématique qui mériterait d'être plus étoffée.
Note : 6 / 10
Vu le 1 avril 2024