Trap
Dans Trap, M. Night Shyamalan nous embarque dans un thriller qui joue avec les nerfs du spectateur et exploite habilement l'angoisse de l'enfermement au sein d'une foule démesurée. L'idée est audacieuse et brillante : suivre un serial killer piégé par des milliers de spectateurs et des centaines de policiers, pris au piège au cœur d'un concert, alors qu'il essaie de passer inaperçu aux yeux de sa propre fille. Ce cadre inédit transforme un événement festif en un huis clos oppressant, où chaque recoin de la salle devient un potentiel danger. Dès les premières minutes, Trap se resserre sur son public et ne lâche plus sa prise, jouant sur le fil de l'adrénaline, de la dissimulation et du suspense.
L’inspiration de Trap semble puiser dans des œuvres comme Snake eyes de Brian De Palma, où l’action se déroule également dans une salle bondée, avec un serial killer pris dans une situation où le moindre faux pas pourrait tout révéler. Mais là où Snake eyes marquait par la virtuosité de ses plans et la précision chirurgicale de ses scènes, Trap tente de s’imposer avec une tension brute et directe, accentuée par une réalisation sans concession et un travail intense sur le son et l’image. Si certaines séquences post-synchronisées, notamment dans la salle de concert, peuvent sembler déroutantes, elles participent néanmoins au sentiment d’urgence, amplifiant la proximité étouffante entre Cooper et les forces de l’ordre.
Le scénario de Trap joue avec les frontières du suspense psychologique et du drame familial. Cooper, le personnage principal, est un père qui, derrière sa façade paternelle, cache une violence inavouable. Pourtant, au milieu de cette chasse à l'homme, c'est la relation avec sa fille Riley qui apporte un contraste poignant et ajoute de la profondeur au récit. Riley, qui n’a que douze ans, est interprétée par Ariel Donoghue, dont la candeur face à l'horreur donne un relief tragique à chaque scène. Elle ignore tout des crimes de son père, et cet attachement entre eux rend les scènes de proximité entre Cooper et la police d’autant plus saisissantes. Shyamalan construit ici un dilemme émotionnel fort, où l'on se demande sans cesse jusqu’où Cooper ira pour se protéger, et si son amour pour sa fille peut encore être une force rédemptrice.
Les thèmes abordés par Shyamalan vont au-delà du simple thriller. Trap s'interroge sur l'identité, la duplicité, et le mensonge, mais aussi sur l’obsession de la célébrité et les sacrifices de l’intime pour des ambitions personnelles. La performance scénique de Lady Raven, la pop star incarnée par Saleka Shyamalan — la fille de… (pas la réalisatrice des Guetteurs, l'autre) —, vient nourrir ce thème de la dualité entre le personnage public et privé, accentuant le contraste entre le père et le monstre qu'est Cooper. Shyamalan insuffle ici une réflexion subtile sur la perte d’innocence et les pressions de la société actuelle.
Visuellement, Trap fait le choix d’une esthétique marquée, sombre et presque claustrophobe. Shyamalan, qui a voulu tourner sur pellicule pour capter une authenticité brute, parvient à donner au film une texture tangible, qui rend chaque scène plus intense, presque tactile. Inspiré par la palette de Modigliani, il opte pour des couleurs sombres et une mise en lumière nerveuse, qui souligne chaque recoin et chaque ombre de la salle de concert. La caméra se fait intrusive, suivant les personnages au plus près, tandis que les décors et les éclairages du concert rappellent l’univers étouffant des shows scéniques — le contraste parfait entre la fête en surface et le drame sous-jacent.
Le casting est un autre point fort du film. Josh Hartnett, dans le rôle de Cooper, campe avec intensité un tueur en série qui est à la fois déchiré par son amour pour sa fille et obsédé par son besoin de se sauver. Son interprétation est saisissante, apportant une dimension presque tragique au personnage. Quant à Ariel Donoghue, elle incarne Riley avec une fragilité touchante, qui contraste avec la noirceur ambiante du film. Elle fait bien plus que tenir tête à Hartnett, ajoutant de l’émotion et de la profondeur dans chaque scène où elle apparaît. Et puis, il y a Saleka Shyamalan, qui, pour son premier rôle au cinéma, s’approprie avec force le personnage de Lady Raven, apportant une touche musicale poignante et ajoutant à l’authenticité du concert. Les chansons qu’elle interprète sont aussi évocatrices que les dialogues, renforçant le poids émotionnel de certaines scènes.
Si l’on peut reprocher au film quelques facilités scénaristiques ou des séquences invraisemblables, notamment dans son dernier tiers qui se déroule en dehors de la salle de concert, Trap compense par une intensité dramatique et une capacité à jouer avec les attentes du spectateur. La tension monte sans cesse, et même si certains éléments prêtent à sourire par leur exagération, le film reste captivant, porté par une volonté de faire passer chaque scène au tamis de l’émotion et du suspense.
Trap n’est peut-être pas le meilleur Shyamalan, mais il reste une œuvre unique, qui montre que le réalisateur sait encore surprendre. Pour ceux qui apprécient un thriller psychologique avec des nuances de drame familial, et des performances d'acteurs qui sonnent juste, Trap est une réussite. Un film qui, tout en flirtant avec l’absurde, pose des questions profondes sur le lien entre l’art et l’amour, entre la vie privée et la monstruosité. Et, comme souvent avec Shyamalan, le final laisse entrevoir de nouvelles perspectives, un dernier clin d’œil à une potentielle suite qui, si elle voit le jour, pourrait bien étoffer encore cet univers.
Note : 8 / 10
L’inspiration de Trap semble puiser dans des œuvres comme Snake eyes de Brian De Palma, où l’action se déroule également dans une salle bondée, avec un serial killer pris dans une situation où le moindre faux pas pourrait tout révéler. Mais là où Snake eyes marquait par la virtuosité de ses plans et la précision chirurgicale de ses scènes, Trap tente de s’imposer avec une tension brute et directe, accentuée par une réalisation sans concession et un travail intense sur le son et l’image. Si certaines séquences post-synchronisées, notamment dans la salle de concert, peuvent sembler déroutantes, elles participent néanmoins au sentiment d’urgence, amplifiant la proximité étouffante entre Cooper et les forces de l’ordre.
Le scénario de Trap joue avec les frontières du suspense psychologique et du drame familial. Cooper, le personnage principal, est un père qui, derrière sa façade paternelle, cache une violence inavouable. Pourtant, au milieu de cette chasse à l'homme, c'est la relation avec sa fille Riley qui apporte un contraste poignant et ajoute de la profondeur au récit. Riley, qui n’a que douze ans, est interprétée par Ariel Donoghue, dont la candeur face à l'horreur donne un relief tragique à chaque scène. Elle ignore tout des crimes de son père, et cet attachement entre eux rend les scènes de proximité entre Cooper et la police d’autant plus saisissantes. Shyamalan construit ici un dilemme émotionnel fort, où l'on se demande sans cesse jusqu’où Cooper ira pour se protéger, et si son amour pour sa fille peut encore être une force rédemptrice.
Les thèmes abordés par Shyamalan vont au-delà du simple thriller. Trap s'interroge sur l'identité, la duplicité, et le mensonge, mais aussi sur l’obsession de la célébrité et les sacrifices de l’intime pour des ambitions personnelles. La performance scénique de Lady Raven, la pop star incarnée par Saleka Shyamalan — la fille de… (pas la réalisatrice des Guetteurs, l'autre) —, vient nourrir ce thème de la dualité entre le personnage public et privé, accentuant le contraste entre le père et le monstre qu'est Cooper. Shyamalan insuffle ici une réflexion subtile sur la perte d’innocence et les pressions de la société actuelle.
Visuellement, Trap fait le choix d’une esthétique marquée, sombre et presque claustrophobe. Shyamalan, qui a voulu tourner sur pellicule pour capter une authenticité brute, parvient à donner au film une texture tangible, qui rend chaque scène plus intense, presque tactile. Inspiré par la palette de Modigliani, il opte pour des couleurs sombres et une mise en lumière nerveuse, qui souligne chaque recoin et chaque ombre de la salle de concert. La caméra se fait intrusive, suivant les personnages au plus près, tandis que les décors et les éclairages du concert rappellent l’univers étouffant des shows scéniques — le contraste parfait entre la fête en surface et le drame sous-jacent.
Le casting est un autre point fort du film. Josh Hartnett, dans le rôle de Cooper, campe avec intensité un tueur en série qui est à la fois déchiré par son amour pour sa fille et obsédé par son besoin de se sauver. Son interprétation est saisissante, apportant une dimension presque tragique au personnage. Quant à Ariel Donoghue, elle incarne Riley avec une fragilité touchante, qui contraste avec la noirceur ambiante du film. Elle fait bien plus que tenir tête à Hartnett, ajoutant de l’émotion et de la profondeur dans chaque scène où elle apparaît. Et puis, il y a Saleka Shyamalan, qui, pour son premier rôle au cinéma, s’approprie avec force le personnage de Lady Raven, apportant une touche musicale poignante et ajoutant à l’authenticité du concert. Les chansons qu’elle interprète sont aussi évocatrices que les dialogues, renforçant le poids émotionnel de certaines scènes.
Si l’on peut reprocher au film quelques facilités scénaristiques ou des séquences invraisemblables, notamment dans son dernier tiers qui se déroule en dehors de la salle de concert, Trap compense par une intensité dramatique et une capacité à jouer avec les attentes du spectateur. La tension monte sans cesse, et même si certains éléments prêtent à sourire par leur exagération, le film reste captivant, porté par une volonté de faire passer chaque scène au tamis de l’émotion et du suspense.
Trap n’est peut-être pas le meilleur Shyamalan, mais il reste une œuvre unique, qui montre que le réalisateur sait encore surprendre. Pour ceux qui apprécient un thriller psychologique avec des nuances de drame familial, et des performances d'acteurs qui sonnent juste, Trap est une réussite. Un film qui, tout en flirtant avec l’absurde, pose des questions profondes sur le lien entre l’art et l’amour, entre la vie privée et la monstruosité. Et, comme souvent avec Shyamalan, le final laisse entrevoir de nouvelles perspectives, un dernier clin d’œil à une potentielle suite qui, si elle voit le jour, pourrait bien étoffer encore cet univers.
Note : 8 / 10
Vu le 28 octobtre 2024