Dans la brume électrique

Dans la brume électrique
Bertrand Tavernier
2008

Après le meurtre d’une prostituée dans une petite bourgade de Louisiane, Tommy Lee Jones, shérif adjoint, est dépêché sur place. Rapidement, ce qui aurait pu être une affaire de meurtre classique va s’avérer plus complexe : des ossements humains sont découverts à quelques pas de là dans un bayou. Justement, l’enquêteur avait assisté au meurtre d’un esclave à cet endroit précis trente-cinq ans auparavant.
Il va alors s’efforcer de trouver un lien entre les deux affaires et à les résoudre, aidé par un campement de confédérés fantômes hantant le bayou…

Amusant par certains détails, et par la présence du charismatique John Goodman, le film n’en est pas moins plombé par un scénario lent, parfois pataud et surtout assez indigeste. L’histoire se complique souvent inutilement et l’enquête semble souvent ne pas avancer, comme titubant sous l’effet de l’alcool ingurgité par l’enquêteur.

Évidemment, Bertrand Tavernier oblige, la photographie est belle et la mise en scène travaillée… Mais le film aurait certainement gagné à être plus léger. Dommage.

Verdict :

Batman forever

Batman forever
Joel Schumacher
1995

« Forever », « Forever »… s’il y avait un long-métrage sur Batman à retenir ce ne serait certainement pas celui-ci !
Si l’on pouvait résumer ce film en mot, ce serait certainement le mot « néon ». Très certainement sous LSD au moment du tournage, Joel Schumacher massacre allégrement Batman et son univers. Le contraste avec les deux épisodes de Tim Burton est impressionnant. Alors que les films de 89 et 91 sont sombres et gothiques, ceux de Schumacher sont fluorescent. Chaque scène est la cause d’une tragique dégradation de la rétine et permet, dans un même temps, de régler les couleurs du téléviseur.

Au niveau du casting, là encore, ce film est à l’absolu opposé de ceux de Tim Burton : alors que l’on pouvait reprocher un choix du Batman peu judicieux, les méchants, eux, étaient parfaitement choisis. Ici, les méchants auraient pu être bien choisis : Tommy Lee Jones en Double-Face et Jim Carrey en Homme-Mystère, on n’aurait pu rêver mieux ! Oui, mais les acteurs surjouent comme jamais (et pourtant, quand il s’agit de surjouer, Jim Carrey est dans son élément), portent des costumes flash ridicules. On croirait voir une parodie !
À l’inverse, Val Kilmer en Batman en impose ! Bon, il joue toujours aussi mal, mais le costume de chauve-souris lui sied à merveille.

Qui a dit fluo ?

Bref, cette production laisse indécis… Est-ce une immonde suite aux films de Tim Burton ou est-ce une amusante parodie ? Personnellement, j’ai fait le choix de prendre cette catastrophe cinématographique au second degré parce que quand même, Joel Schumacher, c’est Chute libre et Phone game.
Vu sous cet angle, donc, Batman forever est une comédie amusante mais sans grand intérêt.

Verdict :

No country for old men

No country for old menLes frères Coen2008

J’avais beaucoup entendu parler de ce film comme étant un chef-d’oeuvre, l’un des films les plus forts de ces dernières années… Hum… Rien que ça ?
Eh bien j’ai voulu voir ce que ça donne, et ça donne ça :

L’histoire est très simple : un homme découvre dans une vallée retirée un amoncellement de carcasses de voitures et de corps criblés de balles : une échauffourée entre trafiquants de drogue a mal tournée. Aucun survivant. Dans les funestes décombres, le héros, Llewelyn Moss (Josh Brolin, vu dans Hollow man, Grindhouse ou Melinda et Melinda), trouve une mallette pleine de billets.

Chouette, hein ? Non, car un tueur déjanté, aficionados du meurtre à l’air comprimé, est à ses trousses. Il veut ses sous, le bougre ! Ce sacré gaillard, interprété par l’hispanique Javier Bardem (La Lune et le téton, Collateral et un bon nombre de films ibères), représente à lui seul à peu près tout l’intérêt du film, et ce n’est pas rien. En effet, l’homme nous livre là une sacrée performance artistique, interprétant ce tueur psychotique avec beaucoup de conviction et de force. On a peur devant son écran, et ce jeu angoissant du chat et de la souris entre les deux personnages parvient à tenir en haleine malgré quelques petites longueurs ça et là.

Il est à noter également le rôle discret mais intéressant de Tommy Lee Jones en petit shérif bien décidé à tirer cette affaire au clair. On retrouve là un personnage très proche de celui interprété par feu Richard Farnsworth dans l’excellent Misery.

En bref, ce film particulièrement atypique laisse un sentiment confus, comme si on venait d’assister à une aventure qui n’est pas finie mais qui n’a pas non plus commencée, et les personnages sombres n’y sont pas pour rien. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? On n’en saura pas plus. Cependant, on ne peut pas dire non plus qu’on reste sur sa faim… C’est un sentiment différent. Celui d’avoir assisté à quelque chose d’unique. Unique et lugubre…

Verdict :