Tu seras mon fils

Tu seras mon fils
Gilles Legrand
2010

Pour son nouveau film, Gilles Legrand réunit un casting efficace autour d’un thème fort : Niels Arestrup incarne un riche viticulteur bordelais dont le régisseur, Patrick Chesnais, est subitement frappé par la maladie. C’est l’occasion pour le fils du propriétaire, Lorànt Deutsch, de montrer ce qu’il sait faire en remplaçant son ami. Seulement Niels Arestrup ne souhaite pas voir son fils reprendre le domaine…
On s’en doute : ce n’est pas le scénario qui fait la force de ce film, mais son interprétation magistrale. Même Anne Marivin livre ici une prestation de qualité. C’est dire !
Plus sérieusement, Gilles Legrand nous livre ici un film loin d’être inoubliable, mais d’une justesse impressionnante. Un joli film, à ne pas rater !

Verdict :

La ligne droite

La ligne droite
Régis Wargnier
2010

Le dernier film de Régis Wargnier, La ligne droite, se démarque de ses précédents films dans la mesure où il s’agit ici d’une œuvre originale, et non d’une adaptation. En revanche, le film est en lien direct avec le documentaire Cœurs d’athlètes, qu’il avait réalisé en 2003, et qui retraçait le parcours sportif de quelques coureurs de fond et demi-fond ; en particulier celui de l’éthiopien Haile Gebreselassie, recordman du marathon en à peine plus de deux heures.

Loin des courses d’endurance, La ligne droite se concentre sur le 400 mètres. Mais un 400 mètres un peu spécial, puisque le coureur, interprété par Cyril Descours, est aveugle.
Ayant perdu la vue suite à un accident, le jeune athlète souhaite continuer à courir, mais à cause de son handicap, il lui faut un guide : un sportif qui courra avec lui, relié par le poignet avec une simple ficelle…
Seulement, trouver un guide avec qui le contact passe suffisamment bien n’est pas chose aisée ; surtout pour ce jeune homme replié sur lui-même depuis l’accident. Heureusement, Rachida Brakni va être la lumière dans son obscurité.

Le réalisateur arrive à éviter de noyer le spectateur dans un flot inutile de bons sentiments en se concentrant sur deux choses : le sport, bien sûr, et surtout la relation tumultueuse entre les protagonistes.

Le tout donne un film prenant mais malheureusement inachevé. Il laisse l’impression désagréable de ne pas être allé jusqu’au bout des choses. Tant pis, on s’en remettra !

Verdict : 

Omar m’a tuer

Omar m'a tuer
Roschdy Zem
2010

Tout le monde se souvient de cette sordide affaire qui a eu lieu il y a déjà 20 ans.
Le 23 juin 1991, Ghislaine Marchal, riche propriétaire des Alpes-Maritimes, est retrouvée assassinée dans sa cave. Dans celle-ci, une inscription faite avec son propre sang semble indiquer le coupable : « OMAR M’A TUER » (sic).

Omar, c’est assurément Omar Raddad, le jardinier de la victime, qui a un motif (problèmes financiers) et pas d’alibi. Verdict : l’immigré marocain est condamné à dix-huit ans de prison.
Ça, c’est ce que les médias français nous présentaient à l’époque. Mais dans les faits, que s’est-il passé réellement ?

Sami Bouajila et Roschdy Zem lors de l'avant-première

Forcément incapable de répondre à cette question, Roschdy Zem se propose – plutôt que d’accuser – de disculper Omar Raddad (interprété par Sami Bouajila) en soulignant les incohérences survenues au cours du procès, ainsi que les nombreuses lacunes. Il nous présente aussi l’homme comme un père de famille modèle dont la vie a été détruite par cette accusation (et inculpation) erronée(s).

Bien fait – et surtout parfaitement interprété -, émouvant, captivant et porteur de question, le film nous démontre indubitablement l’innocence du jardinier : forcément, quand on ne présente au spectateur que les éléments disculpants. Bref, le film est extrêmement partial, mais reste bien fait et a le mérite de soulever quelques questions importantes.

Verdict : 

Si seulement…

Si seulement...
Gil Junger
2002

Auteur du mitigé 10 bonnes raisons de te larguer ou franchement mauvais Chevalier black avec Martin LawrenceGil Junger s’essaye cette fois à la romance de supermarché.
Il nous conte l’histoire de Paul Nicholls (une espèce de Brendan Fraser bas de gamme) qui campe ici un anglais obnubilé par son boulot, qui finit par se rendre compte un peu tard qu’il aurait mieux fait de consacrer plus de temps à sa fiancée, Jennifer Love Hewitt. Un peu tard ? Oui, car au cours de cette journée qui vient de s’écouler, le jeune homme s’est fait largué avant que sa désormais ex-fiancée se tue dans un accident de la route.
Heureusement, un étrange chauffeur de taxi (Tom Wilkinson) lui accorde une seconde chance. En effet, à son réveil, l’endeuillé se retrouve dans son lit, la veille, aux côtés de sa bien aimée. Il a alors jusqu’au soir pour leur éviter le pire.

Comme souvent avec ce genre de film, le gros défaut est le manque cruel d’originalité et de surprise ! Le scénario est rigoureusement prévisible, et la seule alternative à ce genre de problème est d’avoir un solide réalisateur épaulé par de bons comédiens.
Autant dire que ce n’est pas le cas !
Reste alors un film divertissant qui saura occuper convenablement un dimanche après-midi pluvieux, les yeux mi-clos.

Verdict :

The tree of life

The tree of Life
Terrence Malick
2011

Annoncé de partout comme le nouveau chef-d’œuvre de Terrence Malick, The tree of life est en tout cas un film qui risque de faire parler de lui !

Le synopsis se met rapidement en place : dans l’Amérique puritaine des années 50, Brad Pitt vit une vie tout ce qu’il y a de plus ordinaire et exemplaire avec sa femme, Jessica Chastain, et leurs trois jeunes garçons. Hélas, un drame survient : l’un des enfants décède ! Pourquoi donc Dieu a-t-il repris à cette famille modèle l’un des leurs ? Quelle en est la cause, et quel en est le but ? Les desseins du Seigneurs sont-ils donc impénétrables ? Si Dieu punit aussi bien les bons que les mauvais hommes, pourquoi être bon ?

Ce sont toutes ces questions, et bien d’autres moins fondamentales, que se posent les protagonistes de ce film. Le réalisateur apporte alors sa réponse : Dieu est partout. Tout ce que fait Dieu est beauté. Ce que fait Dieu peut être gigantesque ou microscopique ; l’homme, à son échelle, ne peut pas espérer appréhender la complexité du divin.

Le message, on le comprend, est donc plutôt lourd de sens, mais vide de réponse. Autrement dit, il n’y a pas tellement de quoi tenir la jambe du spectateur pendant deux heures vingt pour étayer ce propos !
Pourtant,  Terrence Malick nous inflige des scènes d’une incroyable longueur donnant l’impression de voir défiler une série de fonds d’écran signés Hebus : des volcans, des galaxies, des animaux, des dinosaures, des paysages windowsiens, des êtres unicellulaires, des bébés, des fonds marins, etc. Bref, on croirait regarder un documentaire sans commentaires ; autrement dit : c’est long ! Tout ça pour aboutir à la conclusion qu’il n’y a pas de réponse, c’est un peu léger.

En clair, The tree of life, loin d’être le chef-d’œuvre annoncé, est un film plein de très belles images, interprété par des acteurs motivés mais en manque de dialogues.
La mégalomanie et l’amour des images a pris le pas sur le contenu et la narration.
Dommage ; mais le film plaira probablement aux amateurs d’esthétisme pur.

Verdict : 

La fille du puisatier

La fille du puisatier
Daniel Auteuil
2011

Après plus de trente ans d’une carrière cinématographique riche en tant qu’acteur, Daniel Auteuil passe derrière la caméra et revient, pour l’occasion, à ses amours passées : la Provence de sa jeunesse avignonnaise ; et plus particulièrement la Provence de Marcel Pagnol.
Fanatique de l’auteur-réalisateur, Daniel Auteuil n’hésite pas à remettre au goût du jour l’œuvre de son maître en tournant une nouvelle version de La fille du puisatier.
L’histoire est celle, classique et chère à Victor Hugo, du ver de terre amoureux d’une étoile. Ici, le ver est la fameuse fille du puisatier (Àstrid Bergès-Frisbey) et l’étoile est un pilote, fils de marchand aisé (Nicolas Duvauchelle). Alors que tout aurait pu se passer au mieux, un drame survient : d’une part, le ver tombe enceinte dans un monde ou un enfant né hors mariage est un bâtard ; et d’autre part, l’étoile s’éteint, tombée derrière les lignes ennemies au tout début de la seconde guerre mondiale.
Évidemment, le conflit éclate en ce microcosme :  Daniel Auteuil, le père de sa fille, renie celle-ci ainsi que son engeance tandis que d’autre part, Jean-Pierre Darroussin et Sabine Azéma, les parents de feu l’aviateur, refusent catégoriquement de reconnaître l’enfant, évitant au passage de débourser pour un petit-fils d’immigré italien.
Au passage, Kad Merad, ami et collègue du puisatier, en profite pour demander la main de la future mère célibataire, évitant ainsi à la famille le déshonneur et assouvissant par là-même quelque fantasme. Las, la jeune fille se trouvant belle et ayant connu l’Amour rejette le pauvre hère.

De tout ceci, le bilan est plutôt positif, car force est de reconnaître en Daniel Auteuil une bonne graine de réalisateur. D’aucuns reprocherons à certains membres de l’équipe un accent un tantinet forcé, mais c’est être tatillon.
Globalement, les acteurs sont plutôt convaincants, même si – à propos de l’accent – il est difficile de comprendre pourquoi certains personnages ne l’arborent pas, mais qu’importe ! L’ensemble est somme toute parfaitement honnête et l’important est là : on croit à cette histoire, vivant au fur des rebondissements, les angoisses, les peines et les joies des protagonistes.
Tout juste peut-on regretter le choix d’Àstrid Bergès-Frisbey pour camper l’héroïne, car pas très convaincante…
Un joli film, donc, qui augure de bonnes choses pour la carrière de Daniel Auteuil qui envisage déjà de poursuivre son œuvre d’actualisation des films de Pagnol avec dans sa besace la « trilogie marseillaise » : Marius, Fanny et César.

Verdict : 

Ma part du gâteau

Ma part du gâteau
Cédric Klapisch
2011

Étant assez fan de Klapisch, la sortie d’un de ses films est un événement à ne pas rater.
Ma part du gâteau ne déçoit pas. Gilles Lellouche et Karin Viard, à leur habitude, sont excellents, et même si le fond du sujet est un peu léger, cette légèreté est traitée avec talent.
Il s’agit là d’un film sympathique, parfaitement distrayant malgré quelques longueurs ça et là.

Verdict :

Black swan

Black swan
Darren Aronofsky
2010

Présenté pour la première fois en 1877, Le lac des cygnes est un ballet composé par Tchaïkovski qui met en scène un prince qui tombe amoureux d’un cygne blanc métamorphosé en femme. Celui-ci décide de l’épouser mais se marie sans le savoir au cygne noir ; jumeau maléfique de celle qu’il aime.

Dans ce film, Darren Aronofsky nous conte l’histoire de Natalie Portman, danseuse émérite, qui convoite le première rôle de cette pièce mise en scène par Vincent Cassel. L’hiérosolymitaine approchant de la trentaine, ce rôle pourrait bien être le point final d’une carrière pas si brillante. En clair, c’est son dernier espoir de ne pas finir comme sa mère, ancienne danseuse, qui vit cloîtrée chez elle, repliée sur elle même, se reprochant sans cesse d’avoir raté sa carrière.

Lors des auditions, la jeune fille laisse au chorégraphe une impression mitigée : sa technique parfaite fait de son cygne blanc un modèle, mais handicape son cygne noir, censé être plus bestial. Elle va alors devoir travailler sans relâche pour réveiller l’animal qui est en elle.

D’une réalisation impeccable, Black swan nous entraîne dans les méandres malsains de la schizophrénie qui conduit inéluctablement à la folie pure. Angoissant, sombre, dérangeant – parfois choquant -, le film nous conduit au plus profond de l’anxiété humaine à un rythme effréné.
Alors que Vincent CasselBarbara Hershey et Mila Kunis sont excellents, Natalie Portman est tout simplement magistrale.

Après avoir peint un tableau noir du milieu du catch avec The wrestler, le réalisateur force encore sur le noir avec le monde de la danse. Le résultat est malsain et spectaculaire.

Verdict : 

Au-delà

Au-delà
Clint Eastwood
2011

Chaque sortie d’un nouveau film de Clint Eastwood est un événement. Au-delà ne déroge pas à la règle.
Comme son titre l’indique, le réalisateur nous parlera ici de la mort. Celle-ci touchera chacun des trois protagonistes du film d’une manière très différente. Cécile de France, journaliste française, vivra une expérience de mort imminente troublante. Matt Damon possède le don de communiquer avec les morts. Enfin, le jeune Frankie McLarenGeorge McLaren perdra son frère jumeau dans un accident de la route.
Alors que la journaliste et le petit garçon chercheront des réponses, le médium, lui, évitera les questions.

Très joli sur le plan esthétique, comme toujours avec Clint Eastwood, le film pêche par une fin assez convenue et par un manque global de suspens. Heureusement, les acteurs tous excellents feront qu’il sera difficile malgré ses défauts de ne pas aimer ce film ; d’autant plus qu’il compte quelques jolies scènes, en particulier celle du tsunami et celle pendant le cours de cuisine italienne avec Bryce Dallas Howard.

Au-delà n’est donc clairement pas le meilleur film du réalisateur, mais il n’empêche qu’il s’agit là d’une œuvre assez jolie et bien faite.

Verdict : 

Le fils à Jo

Le fils à Jo
Philippe Guillard
2010

Le rugby avait déjà été mis à l’honneur sur grand-écran avec la sortie d’Invictus un an plus tôt. Le sport était alors traité à son plus haut niveau : une finale de coupe du monde. Ici, pas de spectateurs par milliers, pas de fans déchaînés, pas d’enjeu politique. Dans le film, Doumiac est un petit village du sud-ouest où le ballon ovale est le centre de toutes les attentions ; particulièrement au sein de la famille Cannavaro où l’on est jouer professionnel de père en fils.
Un père (Gérard Lanvin), ancien champion, voudrait justement voir son fils (Jérémie Duvall) suivre ses traces… mais le jeune garçon, pourtant amateur de rugby, ne parvient pas à gérer la pression que lui fait subir son père et décide d’arrêter la pratique de ce sport.

Très simple scénaristiquement, le film va pourtant plus loin que ça. Il s’agit en réalité de tranches de vies, animées avec talent par une troupe d’acteurs aussi habiles que naturels. Olivier Marchal et Vincent Moscato vivent réellement leurs rôles du Chinois et de Pompon, amis d’enfance du père désabusé.
Pas passionnant narrativement, donc, Le fils à Jo reste le témoignage de gens simples au grand cœur ; une vraie famille sportive. Bref, un film « détente ».

Verdict :