Les femmes du 6e étage

Les femmes du 6e étage
Philippe Le Guay
2011

Après quelques comédies, dont le très médiocre Du jour au lendemain qui met en scène Benoît PoelvoordePhilippe Le Guay s’attaque ici à la bourgeoisie parisienne des années 60.
Issu d’une famille particulièrement aisée, Fabrice Luchini habite un immeuble haussmannien typique de la capitale, dans lequel il a toujours vécu, avec ses parents ; et eux avant lui avec leurs propres parents. Agent de change, l’homme a toujours connu une existence linéaire, sans surprise et surtout sans changement. D’ailleurs, leur bonne à tout faire, Michèle Gleizer, est une bretonne au service de la famille depuis trente ans.
C’est alors qu’au décès de madame la mère de monsieur, Sandrine Kiberlain, la maîtresse de maison, décide d’enfin transformer la chambre de feue sa propriétaire en bureau. Choquée par ce manque de respect, la bonne quitte définitivement les résidents.
Confrontés soudain au marché des bonnes, Fabrice Luchini apprend que la mode des bretonnes est maintenant révolue, et qu’il faut – pour être dans le coup – prendre une espagnole. Justement, une communauté de demoiselles espagnoles campent les chambres de bonnes de l’immeuble.
Ce sera alors le début d’un choc culturel pour celui dont les manières (et non le charisme) ne seront pas sans évoquer l’illustre beau-frère du réalisateur.

Alors que l’on pouvait attendre le duo LuchiniKiberlain avec intérêt, ce sera finalement l’escouade espagnole qui remportera l’attention du spectateur (il faut dire aussi que Sandrine Kiberlain livre ici une bien piètre prestation).
L’argentine  Natalia Verbeke s’illustre ici dans son premier film francophone et n’est pas sans rappeler Penélope Cruz.
Plus discrète mais non moins efficace, Lola Dueñas se montre également convaincante dans son rôle de bonne communiste, farouchement révoltée par le bourgeois et le capitalisme qu’ils représentent. Dommage, donc, que le rôle de la demoiselle – déjà repérée par Alejandro Amenabar et Pedro Almodóvar tout de même – n’ait été plus présente.

Au final, Les femmes du 6e étage est une sympathique comédie romantique qui comblera son manque d’originalité par une interprétation solide et par quelques répliques fort amusantes.

Verdict : 

Potiche

Potiche
François Ozon
2010

Neuf ans après Huit femmes, François Ozon retrouve Catherine Deneuve pour une nouvelle adaptation de pièce de théâtre. Cette fois, il s’agit de l’histoire du PDG d’une fabrique de parapluies, Fabrice Luchini, qui dirige avec fermeté son usine, sa femme et ses deux grands enfants ; mais lorsqu’il apprend que son fils, Jérémie Renier, arrête sciences-po, que sa fille, Judith Godrèche, risque de se séparer de son mari, et surtout que les ouvriers de son usine se mettent en grève, l’homme fait une attaque. Devant se reposer, il lègue le contrôle de l’entreprise à sa femme qui tenait jusqu’à cette année 1977 le rôle de potiche.

Catherine Deneuve et François Ozon à l'avant-première du film

Évidemment, le film permet de dénoncer les tapisseries des années 70, l’antiféminisme latent mais aussi d’évoquer les profondes mutations qu’a connu le monde ouvrier avec le passage aux 40 heures,  le 13e mois et la 5e semaine de vacances. Mais au-delà de ces thèmes de société, c’est surtout la caricature qui amuse François Ozon, n’hésitant pas à truffer les le discours de Fabrice Luchini de petits mots de Sarkozy ou à grimer Gérard Depardieu en Bernard Thibault.

Les personnages sont caricaturaux et théâtraux, donc, (à ce propos, mention spéciale à Karin Viard en secrétaire lubrique et à Sergi Lopez en routier)  mais c’est là la patte d’Ozon. Les amateurs du réalisateur se régaleront avec cette comédie légère et militante.
Évidemment, les aficionados des Monty Python pourront repasser.

Verdict :