La tête en friche

La tête en friche
Jean Becker
2010

Inattentif en cours, peu intéressé, à soixante ans passés, Gérard Depardieu n’a quasiment jamais lu un livre de sa vie et est d’ailleurs quasiment analphabète et pas malheureux de l’être. Mais un jour, il rencontrera complètement par hasard Gisèle Casadesus, 95 ans, qui lui insufflera la passion de la lecture sous l’œil hilare de ses « potes » de bistro, parmi lesquels on retrouve notamment Patrick Bouchitey.

Comme on peut s’y attendre à la vue de ce synopsis, La tête en friche est une comédie sympathique et émouvante, surtout sous la caméra de Jean Becker, réalisateur de Deux jours à tuer. Gérard Depardieu semble impliqué dans ce rôle et parvient à être particulièrement crédible, surtout dans cette ambiance charentaise intemporelle.
Au-delà de ça, le film n’a pas d’intérêt particulier, mais ce n’est pas ce qu’on lui demande. C’est une jolie histoire, bien interprétée, bien écrite (c’est Jean-Loup Dabadie qui se charge ici du scénario) et c’est déjà pas si mal.

Verdict :

Mammuth

Mammuth
Benoît Delépine et Gustave Kervern
2009

Toujours aussi déglingués, les compères du Groland réalisent cette-fois un film dont l’idée est tirée d’un rêve de Benoît Delépine ! Ce rêve, c’est Gérard Depardieu, les cheveux longs, chevauchant une Mammuth : une lourde et puissante moto allemande. Bien obligés de trouver un scénario un peu plus étoffé que « Depardieu sur une moto », les deux réalisateurs imaginent le bedonnant castelroussin qui, partant en retraite, se rend compte qu’il lui manque des trimestres. Sa femme, Yolande Moreau, travaillant encore, ne peut s’occuper de ces formalités administratives. L’homme est donc contraint de parcourir tout le pays à la recherche de ses anciens employeurs.
Enfin, il peut chevaucher sa Mammuth, les cheveux aux vents, sur les nationales françaises ; le tout sur une musique de Gaëtan Roussel, le chanteur des Louise Attaque.

Mammuth est donc une espèce de trip entre amis qui ressemble plus à un poème bizarre et crade filmé qu’à un film à proprement parler. Parfois beau, parfois sordide, la comédie est en tout cas déroutante (comme toujours avec Benoît Delépine et Gustave Kervern). On retrouve dans ce délire cinématographique quelques habitués comme Benoît Poelvoorde, Miss Ming, Siné ou Bouli Lanners mais aussi Anna Mouglalis et Isabelle Adjani

Bref, les amateurs du duo de Canal+ seront ravis par ce nouveau film, probablement le meilleur qu’ils aient réalisé. Ceux qui s’attendent à voir une comédie française traditionnelle peuvent assurément passer leur chemin !

Verdict :

Potiche

Potiche
François Ozon
2010

Neuf ans après Huit femmes, François Ozon retrouve Catherine Deneuve pour une nouvelle adaptation de pièce de théâtre. Cette fois, il s’agit de l’histoire du PDG d’une fabrique de parapluies, Fabrice Luchini, qui dirige avec fermeté son usine, sa femme et ses deux grands enfants ; mais lorsqu’il apprend que son fils, Jérémie Renier, arrête sciences-po, que sa fille, Judith Godrèche, risque de se séparer de son mari, et surtout que les ouvriers de son usine se mettent en grève, l’homme fait une attaque. Devant se reposer, il lègue le contrôle de l’entreprise à sa femme qui tenait jusqu’à cette année 1977 le rôle de potiche.

Catherine Deneuve et François Ozon à l'avant-première du film

Évidemment, le film permet de dénoncer les tapisseries des années 70, l’antiféminisme latent mais aussi d’évoquer les profondes mutations qu’a connu le monde ouvrier avec le passage aux 40 heures,  le 13e mois et la 5e semaine de vacances. Mais au-delà de ces thèmes de société, c’est surtout la caricature qui amuse François Ozon, n’hésitant pas à truffer les le discours de Fabrice Luchini de petits mots de Sarkozy ou à grimer Gérard Depardieu en Bernard Thibault.

Les personnages sont caricaturaux et théâtraux, donc, (à ce propos, mention spéciale à Karin Viard en secrétaire lubrique et à Sergi Lopez en routier)  mais c’est là la patte d’Ozon. Les amateurs du réalisateur se régaleront avec cette comédie légère et militante.
Évidemment, les aficionados des Monty Python pourront repasser.

Verdict :

La môme

La môme
Olivier Dahan
2007

Entre la réalisation de clips et la mise en scène de Mozart, l’opéra rock, Olivier Dahan s’attaque à l’adaptation cinématographique de la vie d’Édith Piaf ! Pari difficile que de transposer à l’écran une vie aussi tourmentée que celle de la chanteuse. Pourtant, le film raflera deux Oscars, un Golden globe et cinq Césars ! Belle performance ! Mais le film vaut-il réellement de tels honneurs ?

Malgré les deux heures du film, il n’est pas évident d’y faire tenir la vie entière – si courte soit elle – d’une célébrité à la vie aussi mouvementée que celle d’Édith Piaf ; aussi le réalisateur fera-t-il le choix de relater la première partie de sa carrière, de son anonymat à son apogée (en gros, de 1935 aux années 50). La fin de sa vie est montré au cours du film par de brèves scènes sous forme « d’anti-flashbacks ».
Justement, c’est là que se trouve le problème du film ! À force de découpages psychédéliques et d’allers-retours incessants dans la vie de l’artiste, à moins de connaître sur le bout des doigts sa biographie, il est bien difficile de s’y retrouver ! Ce point est d’autant plus dérangeant que lui à part, le film est particulièrement bon, grâce à l’interprétation extrêmement juste de Marion Cotillard, de Gérard Depardieu et – malgré sa présence moindre – de Clotilde Courau.

Donnant une impression somme toute assez brouillonne, La môme reste un bon film mais ne semble pas tout à fait mériter la folle éloge qu’on en a fait. À voir pour la culture, et à conseiller aux fans de la chanteuse.

Verdict :

L’autre Dumas

L'autre Dumas
Safy Nebbou
2010

L’œuvre d’Alexandre Dumas a été très largement adaptée au cinéma ou à la télévision (en particulier Les trois mousquetaires et Le conte de Monte-Cristo. Pour autant, les films narrant la vie de l’écrivain sont autrement plus rares. Ici, c’est Safy Nebbou (Le cou de la girafe, L’empreinte de l’ange) qui réalise cette biographie, centrée sur un personnage méconnu : Auguste Maquet, un nègre de l’écrivain qui serait en réalité un véritable co-auteur sur certains ouvrages majeurs.

Le rôle d’Alexandre Dumas est tenu par Gérard Depardieu, hâlé et frisé afin de ressembler au métis. Auguste Maquet quant à lui est joué par Benoît Poelvoorde, en grande forme. Le duo fonctionne bien et la rivalité naissante entre les deux hommes est parfaitement portée à l’écran. Reste Mélanie Thierry qui est insupportable et pénalise largement la seconde moitié du film.

L’autre Dumas est donc une fiction historique plutôt bien réalisée, porté par un duo d’acteurs de qualité. Probablement un peu longuet, le film n’en reste pas moins intéressant et mérite certainement d’être vu.

Verdict : 

Bouquet final

Bouquet final
Michel Delgado
2008

Michel Delgado signe ici son premier film dont il a également écrit le scénario, à l’instar de quelques sous-comédies (La vengeance d’une blonde, L’enquête corse, L’auberge rouge, etc.). Plus que le réalisateur, c’est la présence de Didier Bourdon qui m’avait conduit à voir ce film.

L’histoire est simple : Gabriel est un jeune artiste « raté », étouffé pas ses parents, artistes « ratés ». Afin de ne pas décevoir son père (interprété par Gérard Depardieu), il ne lui avoue pas qu’il a quitté la musique pour se lancer un peu contre son gré dans le milieu ô combien plus intime des pompes funèbres en y obtenant le poste important de directeur commercial.

Oui, mais avant de jouir de son siège, il lui faut faire un stage sur le terrain. Là, il rencontre Gervais Bron (Didier Bourdon) qui rêvait du poste de directeur commercial… Il est donc bien décidé à dégouter le jeune homme de ce métier.

Comme toujours s’ajoute à cette trame une histoire d’amour bancale qui a le mérite cependant d’apporter quelques gags bienvenus. En fait, Gabriel dissimule également à la femme qu’il aime (Bérénice Béjo, vue dans OSS 117) son nouveau métier ; d’autant plus qu’il vient d’enterrer la grand-mère de la jeune femme et d’alléger au passage le portefeuille du grand-père (Michel Galabru).

Au final, Michel Delgado nous présente une comédie sympathique, dans laquelle on ne rit certes pas à gorge déployée, mais on ne s’ennuie pas.
C’est déjà pas si mal.

Verdict :

Disco

Disco
Fabien Oteniente
2008

Fabien Onteniente, le réalisateur de comédies « à la française » comme Jet set ou Camping s’attaque au disco et reprend le concept de Camping pour les noms de ses personnages ; à savoir leur donner un nom célèbre avec un prénom ridicule. Ici, Franck Dubosc est Didier Travolta. Gérard Depardieu est Jean-François Jackson.

Le but étant de faire rire, Fabien Onteniente s’attarde plus sur les gags que sur le scénario : au Havre, Franck Dubosc et Samuel Le Bihan se remettent au disco pour remporter un concours.

Bon, alors comme prévu, le film n’est pas franchement à se rouler par terre, mais certaines scènes sont plutôt marrantes (heureusement) et puis on pourra s’amuser de voir Samuel Le Bihan et Emmanuelle Béart dans une comédie, ce qui n’est pas vraiment dans leurs habitudes (quoique Samuel Le Bihan a joué dans Le pacte des loups). Alors voilà, le film est rigolo, mais loin de valoir Camping (qui ne volait déjà pas très très haut). À voir, donc, éventuellement à la télé.

Verdict :