Les deux mondes

Les deux mondes
Daniel Cohen
2007

« Eh, les gars, j’ai une idée de film ! », s’écria Daniel Cohen. « C’est un type qui a raté sa vie et qui va dans un autre monde où il devient roi. »
« – Comment ça, un autre monde ? Genre dans l’espace ?
– Non, non, juste il disparaît et  réapparaît dans un autre monde.
– Mais il y va comment ?
– Je sais pas.
– …et c’est où cet autre monde ?
– Je sais pas.
– Et c’est quoi ? Un monde fantastique ?
– Non, je pensais faire un monde préhistorique.
– Ok, et il devient roi comment ? Il accomplit des tas de choses héroïques ?
– Non, non, il est juste roi comme ça.
– Et à la fin il revient dans son monde à lui et réussit sa vie, c’est ça ?
– Euh… non. En fait, il revient, mais ça change rien.
– Mais c’est nul comme scénario ! Personne ira voir ton film !
– Si ! Y’a Benoît Poelvoorde !
– Ah, ok ! Mais les gens vont pas se sentir roulés ?
– Si, mais c’est pas grave, j’aurais déjà été payé !
– Pas bête.

Verdict :

Rien à déclarer

Rien à déclarer
Dany Boon
2010

Se déplaçant inéluctablement vers le nord à chacun de ses films, Dany Boon, partit de Paris avec La maison du bonheur passa par le Nord avec Bienvenue chez les Ch’tis avant de poser ses valises à la frontière Belge avec Rien à déclarer.

Dans ce troisième film, le réalisateur kabylo-ch’ti nous conte l’histoire de deux brigades de douanes. L’une française, dans laquelle officie Dany Boon lui-même, et l’autre belge où travaille le zélé Benoît Poelvoorde. Les deux hommes ne peuvent pas se supporter ; principalement à cause de la haine des français qui ronge le douanier belge. Pourtant, deux liens les unissent. Le premier est Julie Bernard, la sœur de Benoît Poelvoorde et fiancée de Dany Boon (dont la relation est évidemment cachée au frère). Le second est un ordre de la hiérarchie, qui décide subitement d’organiser une équipe douanière franco-belge composée justement des deux frères ennemis.

Dany Boon, Benoît Poelvoorde et Jérôme Commandeur lors de l'avant-première

Pas forcément (et même forcément pas) très intelligence, cette comédie reste dans le style de Dany Boon, et le film s’adresse clairement aux amateurs du genre, et du réalisateur. Celui qui n’a pas aimé Bienvenue chez les Ch’tis n’aimera pas ce nouveau film ; l’inverse est vraie également.

Outre cet aspect, même si le film est loin de n’avoir que des qualités, il peut se targuer d’afficher une belle brochette de comédiens attachants comme François DamiensKarin ViardLaurent Gamelon ou Bruno Lochet.
En clair, Rien à déclarer est un très bon film pour qui n’en attend rien, et pour qui n’est pas trop exigeant sur le scénario.

Verdict : 

Les émotifs anonymes

Les émotifs anonymes
Jean-Pierre Améris
2010

« Comment les grands émotifs parviennent-ils à surmonter leur timidité dans les relations sentimentales ? ». Telle est la question que s’est posé le réalisateur Jean-Pierre Améris tant pour ce film qu’à titre personnel.
Ici, il propose de résoudre ce problème par l’intermédiaire d’Isabelle Carré, récemment embauchée chez un chocolatier, et de Benoît Poelvoorde, ledit chocolatier. Tous deux émotifs au possible s’aiment secrètement mais ne parviennent à faire un premier pas. Ils vont alors se faire coacher, chacun de leur côté, par une association (les émotifs anonymes) pour elle et par un psychanalyste pour lui.

Jean-Pierre Améris à l'avant-première du film

Le réalisateur lyonnais évite avec brio les banalités pour accoucher d’un film visiblement personnel mais aussi particulièrement bien fait. Minimaliste en ce qui concerne les décors intemporels et le casting, il se concentre sur les deux personnages principaux. Les deux comédiens, excellents dans leurs rôles donne à ce film un côté touchant et drôle (difficle de résister à ce Benoît Poelvoorde emmenant avec lui une valise de chemises propres au restaurant pour masquer sa transpiration abondante !).

Bref, Les émotifs anonymes est une vraie réussite. Un joli film à découvrir.

Verdict :

Mammuth

Mammuth
Benoît Delépine et Gustave Kervern
2009

Toujours aussi déglingués, les compères du Groland réalisent cette-fois un film dont l’idée est tirée d’un rêve de Benoît Delépine ! Ce rêve, c’est Gérard Depardieu, les cheveux longs, chevauchant une Mammuth : une lourde et puissante moto allemande. Bien obligés de trouver un scénario un peu plus étoffé que « Depardieu sur une moto », les deux réalisateurs imaginent le bedonnant castelroussin qui, partant en retraite, se rend compte qu’il lui manque des trimestres. Sa femme, Yolande Moreau, travaillant encore, ne peut s’occuper de ces formalités administratives. L’homme est donc contraint de parcourir tout le pays à la recherche de ses anciens employeurs.
Enfin, il peut chevaucher sa Mammuth, les cheveux aux vents, sur les nationales françaises ; le tout sur une musique de Gaëtan Roussel, le chanteur des Louise Attaque.

Mammuth est donc une espèce de trip entre amis qui ressemble plus à un poème bizarre et crade filmé qu’à un film à proprement parler. Parfois beau, parfois sordide, la comédie est en tout cas déroutante (comme toujours avec Benoît Delépine et Gustave Kervern). On retrouve dans ce délire cinématographique quelques habitués comme Benoît Poelvoorde, Miss Ming, Siné ou Bouli Lanners mais aussi Anna Mouglalis et Isabelle Adjani

Bref, les amateurs du duo de Canal+ seront ravis par ce nouveau film, probablement le meilleur qu’ils aient réalisé. Ceux qui s’attendent à voir une comédie française traditionnelle peuvent assurément passer leur chemin !

Verdict :

Louise-Michel

Louise-Michel
Gustave Kervern et Benoît Delépine
2008

Hommage évidement à l’anarchiste Louise Michel, le film n’a pourtant aucun rapport avec elle. Il s’agit en réalité de l’association entre Louise (Yolande Moreau), ouvrière dans le textile qui vient d’apprendre que la boîte fermait, et Michel (Bouli Lanners), un tueur à gages engagé par Louise et ses collègues pour liquider le patron (Kafka).

Comme souvent avec Gustave Kervern et Benoît Delépine, le film prend la forme d’un road movie au cours duquel Louise partira à la recherche de Michel… Michel à la recherche du patron… Bref, le sujet se prête à de nombreuses aventures. Mais là où l’on pourrait attendre du burlesque, le duo grolandais livre une histoire sombre et surtout complètement barrée ! C’est d’ailleurs là le point fort du film, pour qui est sensible à l’humour plus que particulier des réalisateurs.
Outre les principaux protagonistes qui excellent dans leurs rôles, on s’amusera de la présence de  Mathieu Kassovitz, Siné, Philippe Katerine ou du Président Christophe Salengro. Mieux encore, Benoît Poelvoorde est hilarant en paranoïaque marchant sur l’herbe avec un parapluie vert, et sur les graviers avec un parapluie gris… Cependant, le clou du spectacle est gardé pour la fin (et même après la fin puisque la scène se trouve après le générique) : Albert Dupontel interprète un tueur à gages serbe particulièrement effrayant !

Beaucoup plus grand-public qu’Aaltra, Louise-Michel reste cependant un film parfaitement déjanté qui sera loin de plaire à tout le monde, mais c’est là son charme.

Verdict :

L’autre Dumas

L'autre Dumas
Safy Nebbou
2010

L’œuvre d’Alexandre Dumas a été très largement adaptée au cinéma ou à la télévision (en particulier Les trois mousquetaires et Le conte de Monte-Cristo. Pour autant, les films narrant la vie de l’écrivain sont autrement plus rares. Ici, c’est Safy Nebbou (Le cou de la girafe, L’empreinte de l’ange) qui réalise cette biographie, centrée sur un personnage méconnu : Auguste Maquet, un nègre de l’écrivain qui serait en réalité un véritable co-auteur sur certains ouvrages majeurs.

Le rôle d’Alexandre Dumas est tenu par Gérard Depardieu, hâlé et frisé afin de ressembler au métis. Auguste Maquet quant à lui est joué par Benoît Poelvoorde, en grande forme. Le duo fonctionne bien et la rivalité naissante entre les deux hommes est parfaitement portée à l’écran. Reste Mélanie Thierry qui est insupportable et pénalise largement la seconde moitié du film.

L’autre Dumas est donc une fiction historique plutôt bien réalisée, porté par un duo d’acteurs de qualité. Probablement un peu longuet, le film n’en reste pas moins intéressant et mérite certainement d’être vu.

Verdict : 

Astérix aux jeux olympiques

Astérix aux jeux olympiques
Thomas Langmann
2008

Un soir n’ayant pas grand chose à faire et n’ayant surtout pas envie de réfléchir, nous nous somme dit « tiens, si on allait voir Astérix ! » (Eh oui, c’est ça d’avoir un abonnement au cinéma… Aucun scrupule à aller voir des films, si nuls soient-ils). Bon, alors on entend dire qu’Astérix est nul… Soit… Mais bon, il y a probablement de quoi passer un bon moment, non ? Non ??? Ah non !

Les gags ratés se succèdent, les acteurs sont insipides, peu crédibles et pas du tout dans l’esprit de la bande dessinée. Benoît Poelvoorde est d’un ridicule absolu ! Son rôle ne lui va pas du tout, et il le sait. On le sent mal à l’aise, hésitant, et finalement navrant. Clovis Cornillac succède à Christian Clavier avec un peu plus de succès que son horripilant prédécesseur sans toutefois avoir le charisme d’Astérix qui tient dans cette histoire un rôle minime, effacé, comme chaque personnage finalement. Le spectateur n’a pas de repère : tout va très vite, mais dans aucune direction.

Stéphane Rousseau quant à lui peine à convaincre en gaulois avec son accent canadien dissimulé avec difficultés. Reste Alain Delon, qui colle assez bien à son rôle de César… Oui, mais sa réplique « Avé moi ! » lasse très rapidement… Au bout de la troisième fois, ça commence à être lourd, mais alors au bout de la dixième, c’est franchement insupportable ! Et finalement, c’est peut-être Michaël Schumacher qui fait le meilleur acteur en parvenant (lui) à ne pas en faire trop.

Au final, même si la comédie est ratée, ce n’est pas une catastrophe. Ça le devient au bout d’une heure et demi, alors que le film devrait se terminer, lorsque Jamel Debbouze arrive en scène… Là, le film part en vrille à toute allure. Élie Semoun, après avoir inventé le ballon (super !), le jette en l’air, puis il est renvoyé avec une poêle par Amélie Mauresmo. Élie annonce « j’appellerai ça le raquette-balle »… quelle bonne blague ! Que c’est drôle !
Soudain, Zidane récupère la balle… « j’appellerai ça le pied-balle »… Hum… C’est encore plus drôle que la première fois… Le coup de grâce est donné quand Tony Parker débarque… Ces dernières minutes sont insupportables et absolument dénuées de quelque intérêt que ce soit. C’est avec soulagement qu’apparaît enfin le générique et que le spectateur peut alors réactiver (s’il y parvient) son cerveau.

Verdict :