Omar m’a tuer

Omar m'a tuer
Roschdy Zem
2010

Tout le monde se souvient de cette sordide affaire qui a eu lieu il y a déjà 20 ans.
Le 23 juin 1991, Ghislaine Marchal, riche propriétaire des Alpes-Maritimes, est retrouvée assassinée dans sa cave. Dans celle-ci, une inscription faite avec son propre sang semble indiquer le coupable : « OMAR M’A TUER » (sic).

Omar, c’est assurément Omar Raddad, le jardinier de la victime, qui a un motif (problèmes financiers) et pas d’alibi. Verdict : l’immigré marocain est condamné à dix-huit ans de prison.
Ça, c’est ce que les médias français nous présentaient à l’époque. Mais dans les faits, que s’est-il passé réellement ?

Sami Bouajila et Roschdy Zem lors de l'avant-première

Forcément incapable de répondre à cette question, Roschdy Zem se propose – plutôt que d’accuser – de disculper Omar Raddad (interprété par Sami Bouajila) en soulignant les incohérences survenues au cours du procès, ainsi que les nombreuses lacunes. Il nous présente aussi l’homme comme un père de famille modèle dont la vie a été détruite par cette accusation (et inculpation) erronée(s).

Bien fait – et surtout parfaitement interprété -, émouvant, captivant et porteur de question, le film nous démontre indubitablement l’innocence du jardinier : forcément, quand on ne présente au spectateur que les éléments disculpants. Bref, le film est extrêmement partial, mais reste bien fait et a le mérite de soulever quelques questions importantes.

Verdict : 

Détective Dee : le mystère de la flamme fantôme

Détective Dee : le mystère de la flamme fantôme
Tsui Hark
2010

Habituellement, quand un film chinois débarque sur nos écrans, il s’agit d’un film d’arts martiaux débordant d’action ou d’un film historique aux décors somptueux. Ce film ne fera pas exception et recoupera même les deux genres !
Sans pour autant être novateur dans un genre comme dans l’autre, Détective Dee marie les genres avec une certaine réussite.

Le contexte tient tant de la légende que de l’Histoire chinoise : en 690, l’impératrice Wu Zetian s’apprête à régner sur la Chine dans un climat instable. Voulant imposer sa légitimité au peuple, la régente décide l’érection d’une gigantesque statue de Bouddha. Alors que la construction est sur le point de s’achever, une série de meurtres étranges touche les architectes.
Le gouvernement décide alors de faire appel à Di Renjie, un rebelle actuellement retenu prisonnier qui se trouve être également un enquêteur hors pair, plus connu sous le nom de détective Dee.

Plutôt bien menée, l’enquête se fait forte de nombreux rebondissements, malgré quelques longueurs et quelques attendus. Pareillement, les effets-spéciaux savent se montrer plutôt jolis (la statue du Bouddha, la ville de Chang-An) ou carrément hideux (la mer et ses bateaux, la fameuse flamme fantôme).

Bref, le bilan est plutôt mitigé, car même si l’on sent une réelle motivation de la part du réalisateur et des acteurs (surtout Andy Lau et Li Bingbing), le film dénote tout de même un relatif amateurisme.
Qu’importe ! Pour une fois que l’on trouve du cinéma chinois en salles, ne nous plaignons pas !

Verdict :

L’assaut

L'assaut
Julien Leclercq
2010

Le 24 décembre 1994, quatre terroristes algériens détournent un Airbus A300 transportant plus de 200 passagers. Leur objectif : faire libérer deux membres du Front islamique du salut emprisonnés en France puis faire s’écraser l’avion sur Paris.
Forcés de s’arrêter à Marseille, faute de carburant, ils seront attendus de pied ferme par le GIGN, dont le but sera – si les négociations échouent – de lancer un assaut dans l’avion visant purement et simplement à « neutraliser » les terroristes.

Le réalisateur,  Julien Leclercq, nous présentera alternativement le point de vue des terroristes, du gouvernement français puis de Vincent Elbaz, gendarme héroïque et martyr.

Comme pour marquer la brièveté et la violence des opérations, le film est court et rythmé. Impossible de souffler une seconde tant le rythme est intense et maîtrisé.
La réalisation, bien que perfectible, est d’excellent facture et colle bien au sujet traité.
Bref, malgré quelques défauts et un jeu des acteurs hétéroclite, L’assaut reste un très bon divertissement, mais aussi un témoignage fort d’un événement majeur (ce n’est pas tous les jours que la France se fait remarquer pour ses faits d’arme).

Verdict : 

Le discours d’un roi

Le discours d'un roiTom Hooper2010

Royaume-Uni, 1936.
Le monde est en crise. L’Allemagne du troisième Reich est en plein essor tandis que la menace d’une guerre pèse sur le Commonwealth. Dans cette période de trouble, le roi George V (Michael Gambon) s’éteint, sitôt remplacé par son fil, Édouard VIII (Guy Pearce). Le royaume n’est gouverné que pour une courte période. Même pas une année entière. En effet, le jeune régent abdique pour épouser Wallis Simpson (Eve Best) – femme déjà deux fois divorcée – ce qu’interdit la constitution britannique.
Logiquement, le trône revient à Albert, duc d’York (Colin Firth), qui deviendra George VI.

Évidemment, rien de passionnant dans ce jeu des chaises musicales à l’anglaise. En réalité, ce qui intéressait ici Tom Hooper, le réalisateur, ce n’est pas tant la politique anglo-saxonne que l’handicap dont souffrait le roi : il était sujet au bégaiement. Un terrible bégaiement.
Si terrible d’ailleurs que Bertie, encore simple duc, consulta les meilleurs spécialistes, sans succès. Enfin, il fit la rencontre d’un orthophoniste australien du nom de Lionel Logue (Geoffrey Rush) dont les méthodes étaient pour le moins controversées : plutôt que de soigner « physiquement » le problème, il tente de le résoudre par la psychanalyse.

Brillamment interprété par le duo psy / patient ainsi que par Helena Bonham Carter en épouse du roi, le film, malgré son sujet pas forcément des plus palpitants, tient le spectateur en haleine. On partage réellement le stress et les angoisses de ce duc qui devient roi bien contre son gré.
Le décor et l’ambiance participent largement à l’immersion dans ce Londres des années 30.
Logiquement récompensé aux Oscars,  Le discours d’un roi est assurément l’un des films les mieux réalisés de ce début d’année 2011.

Mention spéciale également à Christian Gonon, doubleur français de Colin Firth, qui réalise là un travail exemplaire, car le rôle n’était pas des plus faciles.

Verdict : 

La princesse de Montpensier

La princesse de Montpensier
Bertrand Tavernier
2010

Au XVIe siècle, la France est déchirée par une guerre de religion opposant catholiques et huguenots (protestants). L’un des acteurs majeurs de ce conflit est le prince de Montpensier, interprété par Grégoire Leprince-Ringuet, lequel doit d’ailleurs épouser Marie d’Anjou (Mélanie Thierry). C’est justement sur cette union que portera le film, en raison de sa complexité. Ce mariage arrangé, comme bien souvent, n’est pas franchement du goût de la mariée qui aime en secret Gaspard Ulliel, le duc de Guise. Pire : la jeune femme est également convoitée par le prince Henri de France (Raphaël Personnaz), frère du Roi, et par Lambert Wilson, comte de Chabannes, précepteur de son époux, le prince de Montpensier.

La princesse de Montpensier
La ressemblance est frappante !

Bref, la situation est délicate pour la jeune fille, surtout avec ce contexte de guerre civile à laquelle prennent part chacun de ses prétendants.

L'équipe du film lors de l'avant-première

Le scénario n’est pas des plus passionnants, mais la mise en scène de Bertrand Tavernier est efficace et on rentre bien dans cette histoire pourtant molassonne. L’interprétation très théâtrale des acteurs donne au film un aspect vieillot mais attachant. Bref, les amateurs d’histoires sentimentales et de films historiques seront servis. Les autres repasseront.

Verdict :

L’autre Dumas

L'autre Dumas
Safy Nebbou
2010

L’œuvre d’Alexandre Dumas a été très largement adaptée au cinéma ou à la télévision (en particulier Les trois mousquetaires et Le conte de Monte-Cristo. Pour autant, les films narrant la vie de l’écrivain sont autrement plus rares. Ici, c’est Safy Nebbou (Le cou de la girafe, L’empreinte de l’ange) qui réalise cette biographie, centrée sur un personnage méconnu : Auguste Maquet, un nègre de l’écrivain qui serait en réalité un véritable co-auteur sur certains ouvrages majeurs.

Le rôle d’Alexandre Dumas est tenu par Gérard Depardieu, hâlé et frisé afin de ressembler au métis. Auguste Maquet quant à lui est joué par Benoît Poelvoorde, en grande forme. Le duo fonctionne bien et la rivalité naissante entre les deux hommes est parfaitement portée à l’écran. Reste Mélanie Thierry qui est insupportable et pénalise largement la seconde moitié du film.

L’autre Dumas est donc une fiction historique plutôt bien réalisée, porté par un duo d’acteurs de qualité. Probablement un peu longuet, le film n’en reste pas moins intéressant et mérite certainement d’être vu.

Verdict : 

W., l’improbable président

W., l'improbable président
Oliver Stone
2008

Oliver Stone (Platoon, Tueurs nés, Alexandre) surfe décidément sur la mode des docu-fictions. Après avoir réalisé le bien pensant Wold trade center, il nous livre ici une biographie de « Dobeulyou » tout aussi bien pensante. Que ceux qui cherchent du croustillant ou du dénonciateur passent leur chemin.
Cependant, le film n’est pas dénué d’intérêt et vaut le coup d’oeil pour la performance de Josh Brolin (Hollow man, Planète terreur, No country for old men) qui campe ici un Georges W. Bush parfaitement crédible. Le travail sur la gestuelle et les mimiques est vraiment remarquable et on est de fait parfaitement plongé dans le film.
En fait, tous les acteurs sont parfaitement choisis et clairement identifiables : Condoleezza Rice, Colin Powell, Donald Rumsfeld, Dick Cheney ou même Tony Blair. Finalement, la partie amusante du film réside plutôt dans les « flashbacks » sur la jeunesse de W., notamment son intronisation auprès des Skulls & Bones (pas clairement nommés). Par contre, les parties concernant la guerre en Irak ou le 11 septembre restent franchement politiquement correctes.

En conclusion, il s’agit là d’un bon docu-fiction, à prendre pour ce qu’il est. Ni plus ni moins.

Verdict :